Festival « FLORIPA NA FOTO » : PRIX ​​PUBLICATION de la Lecture de portfolio.

Les rendez-vous de lecture de portfolios sont  toujours gratifiants. Véritables moments d’échange, ces rencontres nourrissent les photographes mais aussi les lecteurs. Après tout, c’est la meilleure occasion de rencontrer personnellement tous ceux qui sont en pleine production de projets et qui recherchent une évolution et de la visibilité pour les contenus et thématiques contemporaines, engagées, poétiques, audacieuses.

Cette semaine et la semaine prochaine nous présenterons ici, les lauréats du prix de lecture de portfolio Floripa na Foto, toujours réalisé en fin d’année dans cette ville que nous aimons : Florianópolis.  Nous remercions particulièrement Lucila Horn pour sont texte qui met en lumière le travail de Paloma GOMIDE, ainsi que le jury et les photographes participants.  Prochaine publication : la série de Nilmar Lage. À suivre de près.

Les inscriptions aux prochaines lectures seront ouvertes sur la plateforme du festival à partir d’octobre.

À minuit je reviendrai – Essai de Paloma Gomide.

Par Lucila Horn

Les images de la série « À minuit je reviendrai » ont leur propre vérité. Elles représentent les faits à partir de la construction poétique de la photographe Paloma Gomide. Son regard décalé a fait un choix entre la réalité du personnage photographié et « Cendrillon » du conte des frères Grimm de 1812. La photographe rappelle le personnage et reformule les faits à partir d’un débat contemporain et incontournable, pour configurer une nouvelle fable.
Comme le dit Kossoy, l’image « peut aussi être la vie qui se poursuit entre l’image et notre imaginaire, dans une réverbération constante ».  La photographie, selon l’auteur est une « seconde vie imaginaire de l’événement ». À l’intérieur des images de cet essai, nous avons le chemin vers une autre réalité, où nous rencontrons José, photographié dans une communauté périphérique de l’île de Santa Catarina – Brésil, dans sa propre maison qui devient le décor d’un conte non moins fabuleux que les contes de fées.
Influencée par sa formation et son implication dans le cinéma, Paloma crée, avec le personnage féminin – une caractéristique de son travail – une séquence rappelant les trames de story-board, où ensemble, photographe et son sujet s’aventurent dans de nouvelles représentations et relations avec le monde, interrogeant : Où est cachée la beauté ? Pourquoi essaie-t-elle de nous le rendre invisible ? Et c’est ici que le potentiel politique extrapole le charme et la naïveté du bonheur pour toujours.
Derrière la construction des contes de fées, il y a un récit qui retrace le parcours de la place occupée par les femmes dans la société, de la tradition orale, allant vers l’appropriation des narrations et la réécriture par une élite européenne. Plus récemment il a été absorbé par la société (patriarcale) à travers les histoires et les films Disney.

Notre personnage rompt avec la perspective de Cendrillon, qui passe sa vie à être bonne, généreuse et humble, sans affronter les humiliations de sa belle-mère et de ses filles, ni revendiquer l’amour de son père, restant patiente jusqu’à ce que, par enchantement, elle soit destinée à son prince. Dans « À minuit je reviendrai », photographe et photographié réécrivent leurs (nos) propres histoires de « protagonisme » féminin, en rupture avec les normes « euro-centriques », esthétiques, patriarcales… de la belle femme sage destinée à être protégée par l’amour d’un homme. Dans cet essai, la fiction est beaucoup plus réelle, et l’enchantement est le nôtre.


« Je crée mes images à partir d’une mise en scène construite entre fiction et réalité. Mon imaginaire se fait en collaboration avec les personnages photographiés, leurs histoires, leurs rêves et notre situation géographique. Toujours à travers un regard cinématographique. Mes recherches portent sur les figures féminines, leurs représentations et leurs rapports au monde. Là où la beauté est cachée, ou parfois rendue invisible, c’est là que le potentiel politique dépasse la chimère. »

 


Paloma Gomide est une photographe brésilienne née à São Roque, vivant actuellement entre Cuba et Florianópolis. Diplômée en Cinéma et en Photographie, elle développe des projets documentaires d’auteurs audiovisuels et photographiques. Parmi ses productions récentes figure « Les Sœurs et le Soleil », recherche réalisée lors de la Mission Photographique NEFA BC (2020), avec la communauté quilombola de Balneário Camboriú. Son projet «Je viens d’autres mers» a reçu le prix d’acquisition du 50ème Salon d’Art Contemporain Luiz Sacilotto. Paloma Gomide étudie actuellement une maîtrise en écriture de scénario à l’EICTV, Havana.